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Définition du socialisme


| Maurice Bertrand

Le mot « socialisme » n’a plus de sens aujourd’hui. Il est utilisé par les partis sociaux-démocrates pour désigner leur idéologie libérale et vaguement sociale, qui ne diffère pratiquement pas de celle des partis conservateurs. Peu d’esprits identifient encore le socialisme avec la propriété par l’État des moyens de production, qui existait sous les régimes communistes. La faillite des expériences de « socialisme réel » a condamné dans la plupart des esprits ce genre de régime. Un autre sens possible du mot pourrait être trouvé si on le concevait comme un système entièrement renouvelé de répartition de la richesse. Mais il faudrait pour cela avoir repensé complètement le rôle de la fiscalité et les méthodes de rémunération du travail, et rien n’existe aujourd’hui sur ce plan.

On se trouve donc devant le vide. Le dictionnaire Robert, fort embarrassé, propose deux définitions :

  • Doctrine d’organisation sociale qui entend faire prévaloir l’intérêt, le bien général sur les intérêts particuliers, au moyen d’une organisation concertée.
  • Organisation sociale qui tend aux mêmes buts, dans un souci de progrès social

Il ne fait donc que confirmer le vide de la pensée. L’utilisation du substantif « organisation » et de l’adjectif « concertée » n’éclaire guère le lecteur. Peut-on continuer de vivre avec un mot qui n’a plus des sens ? et surtout quand on se présente comme critique du libéralisme absolu ?
Première constatation : il s’agit bien d’économie, donc de production et de distribution ; et il s’agit bien de contrôle par la communauté politique ou par les particuliers des moyens de production et des méthodes de distribution. Il faudrait donc choisir entre les vertus de la main invisible vantées par le libéralisme, et le contrôle – démocratique si possible- d’une main visible. C’est en ce sens que l’on peut parler « d’organisation » de la société.

Définir le socialisme, c’est donc indiquer clairement les critères de choix d’un certain type d’organisation, c’est-à-dire ses fins et ses moyens. En d’autres termes décrire le type de société souhaitable et possible et les méthodes pour le mettre en œuvre. Sur le type de société, il ne saurait y avoir de doute. La pensée socialiste, depuis l’origine, a souhaité une société sans classes et sans guerre. Se référer à l’Internationale. La réalisation de la devise « Liberté, égalité, fraternité » à l’échelle planétaire. Rien n’a vieilli dans cet idéal. Même si d’aucuns le trouvent utopique. Il n’y a en fait aucune raison valable d’y renoncer.

En revanche, c’est sur les moyens qu’il y a eu évolution et qu’il est nécessaire de moderniser le concept. Nul ne peut oublier les expériences de socialisme réel et la recette « propriété des moyens de production par l’État » ne peut plus être acceptée sans état d’âme. Il faut tenir compte des leçons de l’histoire. La liberté d’entreprendre et la concurrence ont démontré leur capacité de développer et de moderniser l’appareil de production mieux que les systèmes planifiés. En revanche, il est loin d’être certain qu’il faille pour autant laisser au secteur privé le droit de s’occuper de tout. La récente crise financière a démontré à la fois l’incompétence et la malhonnêteté de la plupart des responsables de la distribution du crédit.