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La Provence


29 décembre 2015

Maurice Bertrand nous a quittés. Décédé à Paris dans sa 94e année le 23 décembre, Maurice Bertrand était Banonais de cœur. Sa tante Rose, secrétaire de mairie, vivait rue Pasteur. Il a donc vécu la résistance à Banon, très activement et au péril de sa vie, sous l’ordre du grand poète René Char, dans le maquis en 1943 où il a fait partie d’une section de parachutage.
Jacques Vial, ami de toujours, raconte : « Il était d’abord hébergé chez sa tante, mais affolée par le danger, elle ne l’a pas gardé. Ce sont mes parents Charles et Rose Vial qui l’ont caché pendant trois mois dans une petite chambre dans l’école de Banon. » Charles Vial qui a donné son nom à la place de la mairie et du collège.

En 1945, il présente le concours de conseiller maître honoraire à la Cour des comptes et devient maître de conférences à l’ENA l’année suivante. Très brillant, meilleur élève de France, il devient en 1954 conseiller technique au cabinet du ministre de l’Air de Pierre Mendès-France avant d’être membre du Corps commun d’inspection des Nations Unies de 1968 à 1985. Grand homme d’Histoire, de Politique et de Lettres, il a publié de nombreux ouvrages dont :

  • Pour une doctrine militaire française,
  • Refaire l’ONU, un programme pour la paix,
  • La stratégie suicidaire de l’Occident,
  • Les secrets de l’impôt,
  • Machiavel ou l’Illusion réaliste.

Humble et réservé, il est bien connu de ses voisins du vieux village, où il passait une partie de l’année rue des Arcades, pour être un grand intellectuel spécialiste des relations internationales.
Son épouse Doris est celle qui en parle le mieux avec beaucoup d’amour et d’admiration. « Il avait de grandes idées extraordinaires qu’il a soufflées aux plus grands politiciens sans jamais en réclamer le mérite, car pour lui, l’important c’est que ce soit l’idée qui voyage, pas l’auteur ». Et il peut en être fier, puisqu’à ce jour, ses méthodes sont enseignées sous le nom d’un mouvement appelé « Bertrandisme » aux étudiants philosophes de l’université de Los Angeles. Pacifiste réaliste, il ne se contentait pas de pointer du doigt les problèmes, il y trouvait des solutions. Hélène Bounousse souvient qu’il travaillait toujours sur son ordinateur, lui confiant qu’il espérait avoir le temps et la force d’écrire un dernier livre. Père de six enfants, seize petits-enfants et bientôt douze arrière-petits-enfants, nul doute que ses idées continueront de voyager.

Maurice Bertrand sera inhumé à Dampmart (Seine-et-Marne) le 29 décembre 2015 à 11 heures.